La RASD État membre de l’Union Africaine depuis 1982, réimpose l’exigence de sa décolonisation en janvier 2015
Pourquoi un nouvel hors-série consacré aux relations entre la RASD et l’Afrique et plus précisément entre la RASD et l’Union Africaine ? C’est une dimension souvent ignorée en France, dans le traitement géopolitique du conflit. C’est au contraire une institution régionale centrale pour la RASD, membre de l’OUA puis de l’UA depuis 1982, qui à ce titre existe en Afrique comme un Etat à part entière. Dès que la RASD fut admise à l’OUA, le Maroc quittait l’organisation, et ne l’a jamais rejointe.
Mais la diplomatie marocaine y est présente, au moins dans les coulisses, pour tenter d’empêcher toute présence significative de la RASD dans les institutions de l’UA et pour faire pression sur les États qui reconnaissent la RASD, afin qu’ils se désengagent.
Le Maroc est surtout actif économiquement en Afrique de l’Ouest, où ses entreprises, bancaires, de télécommunication, de services, sont présentes et sont souvent les relais des entreprises européennes, françaises en particulier.
Au moment où nous rédigeons, ce 30 janvier 2015, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent en session ordinaire à Addis-Abeba. Session sans doute historique pour la RASD, car les résolutions qui viennent d’y être prises, indiquent un tournant significatif dans la volonté de l’UA de reprendre en main le sujet.
Dans les années 80 l’OUA est seule pour défendre l’autodétermination !
La RASD fut admise à siéger dans l’Organisation de l’Unité Africaine le 12 novembre 1984, comme 51ème État membre. Aboutissement d’un long processus et signe de l’engagement de nombreux États africains, attentifs à la décolonisation de ce dernier territoire non- autonome et au respect des frontières coloniales, principe fondateur, inscrit dans la Charte de l’OUA. C’était aussi une reconnaissance des succès militaires et diplomatiques remportés par les Sahraouis, en ce début des années 80.
Les Nations-Unies, tout en refusant le fait accompli de la Marche verte, s’étaient vite désengagées de ce dossier encombrant en le transmettant à l’OUA. C’était alors une première ! Une question de décolonisation allait être traitée par une organisation régionale ?
L’OUA, divisée, décida, en juillet 1978, au sommet de Khartoum, la création d’un Comité des Sages ou Comité ad hoc composé de 5 chefs D’État, chargé d’étudier le problème. L’année suivante, le Comité proposait aux chefs D’État et de gouvernement, réunis à Monrovia, plusieurs propositions qui furent approuvées : cessez-le-feu, exercice par les populations du Sahara occidental de leur droit à l’autodétermination sous le contrôle de l’ONU et de l’OUA.
En juin 1981, Hassan II créa la surprise, en acceptant un référendum tout en ne cédant sur rien : refus du choix de l’indépendance et de négociations directes avec le Front Polisario. Edem Kodjo, secrétaire général de l’OUA, ne se laissa pas enfermer dans ce stratagème, un référendum de confirmation, mais fit admettre la RASD à l’OUA, le 22 février 1982, suivant l’article 28 de la Charte. C’était une défaite cinglante pour Hassan II, qui devait également affronter sur le terrain la forte pression militaire de l’APLS et les reconnaissances de la RASD par 53 Etats en 1982. Cette admission représentait, pour le Front Polisario et l’OUA, l’installation d’un rapport de forces propre à imposer au Maroc une solution politique respectueuse du droit de la décolonisation. Aussi la RASD suspendit provisoirement son admission pour favoriser l’adoption par consensus d’une résolution offrant les conditions d’un règlement acceptable par le Maroc et le Front Polisario.
Cette résolution, AHG/104, exhortait les parties à engager des négociations directes en vue de parvenir à un cessez-le-feu, condition nécessaire pour l’organisation d’un référendum. Le Maroc refusant ce compromis, la RASD fut admise à siéger à l’OUA en novembre 1984, et reconnue la même année par la Mauritanie et le Nigéria. L’ONU reprit le dossier en 1988, mais toujours en association avec l’OUA puis avec l’Union africaine.
Le Parlement Pan Africain en deux mots !
Le parlement Pan Africain a été inauguré à Addis-Abeba le 18 mars 2004, au siège de l’UA. Il compte 47 États membres qui ont ratifié son protocole, qui envoient 5 parlementaires par pays. Il compte 235 membres et tient deux sessions par an. Ses différentes commissions siègent de leur côté plusieurs fois par an. Son siège se trouve en Afrique du Sud à Midrand, Johannesbourg.
Pour en savoir plus : www.pan-africanparliament.org
Le Conseil exécutif et la Conférence des chefs d’État s’engagent résolument aux côtés de la RASD, ce 31 janvier 2015
Cette 24ème session était importante pour la RASD. La présence de presque tous les chefs d’État africains, la perspective de l’élection de Robert Mugabe à la Présidence de l’UA, la présence de Ban Ki Moon, qui venait d’imposer le retour de l’ambassadeur Ross, son envoyé spécial honni par le Maroc, dans la région, ont justifié la présence du Premier Ministre sahraoui, Abdel Kader Taleb Omar.