Question au gouvernement – Jean-Paul LECOQ
Monsieur le Premier ministre,
Je sais que vous allez me répondre que le gouvernement ne commente pas les actions en justice, mais l’affaire de 5 plaintes en diffamation déposées par le Roi du Maroc contre
- Mediapart,
- Le Monde,
- Radio France
- et L’Humanité,
examinées aujourd’hui par le Tribunal de Paris, est un sujet totalement politique.
Politique, parce que depuis la Révolution Française, c’est rarissime qu’un État étranger dépose plainte contre des médias français pour les faire taire.
6 plaintes sur les 7 qui ont été déposées depuis la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen et son article 11 qui garantit la liberté de la presse l’ont été par le Royaume du Maroc !
Politique également, parce que la France n’a jamais réagi publiquement à l’utilisation du logiciel d’espionnage israélien Pegasus utilisé par le Royaume du Maroc contre
- des journalistes,
- et des élus au plus haut niveau de la République française.
Politique, parce que votre majorité et votre gouvernement semblent plus prompts à protéger le secret des affaires que la liberté de la presse.
Et politique, enfin, parce que rares sont les députés, notamment de la majorité, qui se sont, eux aussi, indignés de ces scandales.
D’où provient cette absence de réaction ?
D’où provient ce silence complice qui donnent les coudées franches à ces États qui peuvent faire ce qu’ils veulent de la Palestine et du Sahara occidental au mépris total du droit international ?
Est-ce à cause des voyages de complaisances proposés par le Maroc ou par l’entreprise Elnet en Israël que les ministres et les parlementaires n’osent même plus, ou ne peuvent même plus, s’indigner face aux actions insupportables de ces États ?
Monsieur le Premier Ministre, pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes resté muet face aux attaques de Pegasus, puis muet face aux attaques du Maroc contre nos médias ?
Ces plaintes sont des procédures bâillon contre la liberté de la presse, donc contre nos propres libertés, dont vous êtes censé être le garant.
Réponse de Clément Beaune, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le Député Jean-Paul Lecoq.
Nous partageons évidemment votre attachement, sans aucune hésitation, à la liberté de la presse, et c’est notamment cette liberté de la presse qui a permis un certain nombre de révélations dans cette affaire comme dans d’autres.
Néanmoins, et ce n’est pas un laxisme ou une quelconque hésitation, procédures judiciaires sont en cours, le Premier ministre et le Garde des Sceaux ont eu l’occasion de répondre sur ce point précis il y a déjà quelques semaines, donc nous ne sommes pas muets sur cette affaire, mais nous devons laisser ces instructions se faire devant les Cours françaises, car c’est le droit d’un justiciable, même étranger en l’occurrence, de saisir nos Cours.
Donc ce n’est en aucun cas une remise en cause par notre fait, de la liberté de la Presse en cette affaire.
Ces procédures se dérouleront, et nous avons confiance, évidemment, dans leur aboutissement. Simplement, nous avons été très clairs depuis le début aussi puisque les faits allégués sont d’une gravité extrême, il n’y a aucun doute sur ce point, nous devons être sérieux et précis pour établir toute la vérité dans cette affaire, avant d’en tirer, le cas échéant, les conséquences politiques ou diplomatiques qui s’imposeraient.
C’est le bon ordre dans lequel nous devons faire les choses : respecter les procédures judiciaires, établir les faits, dans l’attente, nous l’avons fait à l’égard de l’ensemble des États, impliqués directement ou indirectement, des démarches diplomatiques pour faire connaitre nos inquiétudes, nos interrogations sur cette affaire.
Donc je crois qu’il faut que nous sériions les sujets, pour y répondre en défendant ensemble les mêmes principes, Monsieur le Député.
[…] Source : RASD https://www.association-des-amis-de-la-rasd.org/… […]