Le Maroc,qui occupe le Sahara occidental depuis 1976 – 45 ans ! –, ne se satisfait plus du « vieil » accord de cessez-le-feu de 1991. Certes, il a pu empêcher toute application véritable du Plan de paix qui aurait dû permettre aux Sahraouis de voter en liberté lors d’un référendum d’autodétermination.
Mais il lui en faut plus ! Il veut que ce territoire lui rapporte un maximum, à travers le pillage de ses ressources naturelles et la possibilité de le traverser pour rejoindre la Mauritanie et l’Afrique sahélienne. C’est par le passage de Guerguerat, une brèche creusée dans le mur de sable qui sépare la partie du Sahara occidental occupée par le Maroc de la partie libérée par le Front Polisario qu’il veut tout faire passer. L’accord de cessez-le-feu de 1991 a établi au sud du mur, dans la partie libérée par le Front Polisario, une zone « tampon » démilitarisée de quelques kilomètres de large, avant la frontière mauritanienne. C’est là qu’en août 2016 le Maroc a entrepris, en toute illégalité, de goudronner une route pour y faire passer camions et voitures vers la Mauritanie. Devant cette violation flagrante du cessez-le-feu, le Front Polisario avait alerté l’ONU et la Minurso espérant que cette dernière réagirait comme elle l’avait fait 15 ans auparavant, en 2001, en arrêtant un projet similaire du Maroc. Mais il n’en fut rien.
Pendant plusieurs mois, des troupes de la gendarmerie marocaine ont fait face dans une grande tension, à une centaine de mètres d’écart, aux troupes de la gendarmerie sahraouie, tandis que des observateurs de la MINURSO étaient déployés sur zone. Finalement les forces armées marocaines se sont retirés de la brèche en février 2017.
Mais le problème de cette brèche illégale reste entier. Le trafic y est devenu très important, tandis que la solution politique n’avance pas.La présence aujourd’hui de nombreux civils sahraouis exaspérés non seulement par cette situation locale et par l’absence de tout résultat de la Mission de paix témoigne de l’importance du sujet et de l’engagement desSahraouis décidés à mener cette forme de résistance à l’occupant. L’Association des Amis de la RASD les assure deson soutien et de sa totale solidarité. Elle salue la responsabilité du Front Polisario et des civils sahraouis capables de maintenir le cap d’une résistance pacifique en dépit des provocations du Maroc.
Importance du sujet car la Mission de paix de l’ONU, la MINURSO,qui vient d’être renouvelée hésite. Se mettre au service du Maroc et tolérer ce trafic ? Empêcher la présence de civils sahraouis qui manifestent à Guerguerat pour défendre leurs droits ?Depuis une dizaine de jours, le passage est fermé et témoigne du fort engagement des civilsdans le sens de cettesauvegarde de leurs droits et de leurs ressources.
Le Conseil de sécurité qui vient d’adopter une nouvelle résolution sur le Sahara occidental doit être très attentif à cette situation, à l’expression de colère et d’exaspération des Sahraouis, source de plus en plus sérieuse d’incertitudes tant ce peuple qui lutte pour son indépendance depuis tant d’années est méprisé et vit une situation d’une très grande injustice.
Les objectifs de la MINURSO doivent être remis à plat et comporter surtout un mandat pour la surveillance du respect des droits de l’homme. Par ailleurs,c’est bien l’indépendance du Sahara occidental qui pourra assurer et développer librement une circulation entre le Maghreb et l’Afrique sahélienne.
Association des Amis de la RASD.
Paris, le 2 novembre 2020.