La nouvelle assemblée européenne, qui s’est réunie en février à Strasbourg, pourra-t-elle jouer un rôle dans le règlement du conflit sahraoui ? Des premiers signes peuvent inviter à l’optimisme. Mais nous sommes conscients qu’il faudra peser très fort pour que la nouvelle assemblée impose, davantage que la précédente, le respect du droit international et européen !
Une première bonne nouvelle : le nouvel Intergroupe européen « Paix pour le peuple sahraoui », fort d’une centaine d’eurodéputés, a été constitué officiellement ce 13 février 2020 à Strasbourg. Il est présidé par l’eurodéputé allemand Joachim SCHUSTER, membre du SPD . Les premières déclarations de ce dernier sont claires : « Nous devons pousser l’Union européenne à jouer un rôle positif et pivot dans la résolution du conflit du Sahara occidental, noussouhaitons la nomination rapide d’un envoyé personnel capable de trouver une solution juste et équitable, conforme aux résolutions de l’ONU et qui implique l’Union africaine ».
Face à la réussite du XVe Congrès du Front Polisario, qui s’est tenu en décembre à Tifariti dans les territoires libérés du Sahara occidental, le Maroc franchit toutes les limites pour faire accroire à sa souveraineté sur le territoire sahraoui : avec l’Union africaine, en installant des consulats d’États africains à El Aïoun et à Dakhla ; avec L’Espagne et l’Union européenne en faisant adopter par son Parlement l’extension de sa Zone économique exclusive (ZEE) aux eaux du Sahara occidental , mais aussi, de facto, aux eaux espagnoles des Îles Canaries ; avec le monde sportif, en instrumentalisant un tournoi africain de futsal.
La représentation espagnole au Parlement européen n’a pas manqué de réagir. Six eurodéputés du groupe Renew Europeviennent d’interpeller le Haut Représentant de l’UE pour les Affaires étrangères. Dans une question écrite vigoureuse, ils pointent non seulement la mise en cause de la souveraineté espagnole, et donc européenne, mais soulignent également que « le fait que le Maroc revendique sa souveraineté sur les eaux du Sahara occidental, qu’il occupe illégalement, constitue une violation encore plus flagrante du droit international.»Comment le Haut-Représentant Josep BORRELL, lui-même espagnol et ami du Maroc, répondra-t-il ?
Avec le sort fait à la réponse officielle du Commissaire européen à l’agriculture Janusz WOJCIECHOWSKI sur l’étiquetage nécessaire par le Maroc de l’origine des produits issus du Sahara occidental, on prend la mesure de la difficulté de la tâche. Cette réponse à la question de l’eurodéputée finlandaise Heida HAUTALA, vice-présidente du Parlement européen, a visiblement fait peur aux tenants des « bonnes relations » avec le partenaire marocain : elle a totalement disparu du site du Parlement dès le lendemain de sa publication… pour y apparaître de nouveau quelques jours après, puis disparaître une nouvelle fois ! Une censure qui indique combien notre plaidoyer en direction des eurodéputés est important et doit nous inviter à coordonner au maximum nos efforts, développer les arguments de droit et soutenir toutes les initiatives du Front Polisario en Europe.
Dans cet esprit, l’association des Amis de la RASD a noté la détermination toujours renouvelée du peuple sahraoui pour obtenir son autodétermination et son indépendance, tel qu’il l’a exprimé dans la résolution finale du XVe Congrès : « Le peuple sahraoui n’acceptera jamais que la Mission internationale, dont le but est la décolonisation du dernier peuple colonisé d’Afrique, se transforme en un parapluie de protection et de légitimation de l’occupation du Sahara occidental.».
Crédit photographique couverture – AARASD